Evacuation de la partie sud du campement de la lande à Calais : une réponse humanitaire

Evacuation de la partie sud du campement de la lande à Calais
24 février 2016

A l'occasion d'un déplacement au Mans, au cours duquel il a visité un centre d'accueil et d'orientation pour les migrants, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est exprimé sur la prochaine évacuation de la partie sud du campement occupé par des migrants à Calais.


Une crise sans précédent avec des répercussions directes en France

Depuis janvier 2015, 1 million de migrants environ sont entrés sur le territoire de l’Union européenne, en prenant tous les risques, fuyant pour beaucoup d’entre eux les zones de guerre en Syrie et en Irak et la barbarie de Daech.

La forte augmentation de la pression migratoire depuis plus d’un an se fait tout particulièrement sentir en des points très localisés de notre territoire. Le Calaisis et le Dunkerquois, du fait de leur proximité avec le Royaume-Uni, sont ainsi tout particulièrement impactés par la crise migratoire, avec la constitution, sur ces territoires, des camps dits de « la lande » à Calais, puis de Bas-Roch à Grande-Synthe, petite commune proche de Dunkerque. Ces lieux, où des hommes, des femmes, des enfants vivent dans des conditions extrêmement précaires, servent de base arrière aux passeurs qui y conduisent leurs victimes avant de leur extorquer le prix d’un périlleux et improbable passage outre-Manche.

Face à un tel drame et dans l’intérêt des migrants eux-mêmes, qui sont avant tout des victimes, la réponse de l’Etat se situe à la fois sur le terrain de la répression des passeurs, du contrôle des frontières, de la gestion de l'asile et de l’assistance humanitaire.

C'est sur ce dernier aspect, l'assistance humanitaire, que le ministre de l'Intérieur a insisté le 22 février. Il a ainsi rappelé l'ensemble des mesures prises depuis plusieurs mois pour offrir aux migrants des conditions d'accueil dignes.

Le dispositif local

Un centre d'accueil de jour

Le centre d’accueil de jour, Jules Ferry, a été ouvert en janvier 2015. Aujourd'hui, il distribue quotidiennement 2 500 repas et pas loin de 2 000 petit-déjeuners. Il offre également environ 500 douches aux migrants installés sur la lande. 400 places sont réservées pour les femmes et les enfants qui bénéficient d'un équipement qui leur est dédié. Une équipe de 160 travailleurs sociaux intervient dans le centre.

Des mesures d’assainissement avec l’installation de 93 points d’accès à l’eau potable, 150 sanitaires, et 45 réceptacles à déchets, ont été mises en place.

Un centre d'accueil provisoire

Un dispositif d’hébergement et de mise à l’abri a par ailleurs été déployé. Ce centre d'accueil provisoire (CAP), constitué de 125 abris équipés en électricité, chauffage, toilettes et eau courante est complémentaire au centre d'accueil de jour Jules Ferry, a ouvert ses portes le 11 janvier 2016. Il peut accueillir jusqu'à 1 500 migrants. 1 200 y vivent actuellement et bénéficient de lieux de vie et de convivialité, créés notamment pour les enfants.

Enfin, 500 places supplémentaires ont été créées sous des tentes de la Sécurité Civile. C'est l'association La Vie Active qui anime ce dispositif d'accueil provisoire.

Ce sont ainsi 2 400 places qui ont été créées pour les migrants sur tout le site de la lande près de Calais.

Afin d’apporter une information complète et accessible aux migrants sur leurs droits et sur les propositions de mise à l’abri qui leur sont faites, des maraudes sont organisées par les services de l’Etat avec l’aide d’associations, qu’il soutient dans cette mission. Ce travail d’information directe des migrants est en effet le seul moyen efficace pour lutter contre les opérations de désinformation initiées par les passeurs, qui n’ont de cesse de convaincre les migrants qu’il n’y a pas d’alternative pour eux au passage illégal et dangereux outre-Manche.

Le dispositif national

Si de nombreux aménagements ont été réalisés à Calais pour améliorer autant que possible les conditions de vie des migrants, l'affluence est telle que d'autres solutions ont dû être trouvées. Toute la France s'est mobilisée, 102 centres d'accueil et d'orientation (CAO) sont ainsi ouverts sur tout le territoire depuis octobre 2015.

Les centres d'accueil et d'orientation

Les centres d'accueil et d'orientation permettent aux migrants de bénéficier d'un temps de répit, dans des conditions stables et rassurantes grâce à l'accompagnement de qualité que leur procure un réseau associatif local.

Ils bénéficient également d'un suivi sanitaire et social, leur permettant de prendre la mesure de leur situation et de reconsidérer leur projet d'immigration vers le Royaume-Uni.

Un CAO est en effet aussi un centre d’orientation, où les migrants peuvent accomplir leurs démarches administratives, s’ils souhaitent déposer une demande d’asile.

2 687 migrants ont d'ores et déjà été hébergés dans les centres d'accueil et d'orientation. Tous les migrants, dès lors qu'ils sont engagés dans une démarche de demande d'asile, peuvent être accueillis au sein d'un CAO. Des départs réguliers sont organisés à partir de Calais.

Environ 85% des migrants arrivés dans un CAO y demeurent. Parmi les migrants qui décident de rester, plus de 80% déposent très rapidement une demande d’asile. Les autres ont déjà une demande d’asile en cours d’instruction, ou ont déjà obtenu le statut de réfugié. Certains ont encore besoin de réfléchir. Tous ont vocation à rejoindre assez rapidement d’autres dispositifs : les demandeurs d’asile sont réorientés vers une place de CADA ou d’AT-SA ; les réfugiés ont vocation à rejoindre un logement pérenne de droit commun. Les services de l’Etat sont à leurs côtés pour accompagner ces démarches.

Les structures d'accueil pour les demandeurs d'asile

Les Centres d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA) offrent aux demandeurs d’asile un lieu d’accueil pour toute la durée de l’étude de leur dossier de demande de statut de réfugié. Cet accueil prévoit leur hébergement, ainsi qu’un suivi administratif (accompagnement de la procédure de demande d’asile), un suivi social (accès aux soins, scolarisation des enfants, etc.) et une aide financière alimentaire.

Depuis le 1er janvier 2015, 1 648 demandeurs d’asile présents à Calais ont ainsi pu rejoindre un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA), ou d’accueil temporaire du service de l’asile (AT-SA).

En 2014, ils avaient été 374. Ils étaient moins d’une centaine en 2013. Cette forte amélioration de la prise en charge des demandeurs d’asile à Calais a été rendue possible grâce au plan en faveur des migrants que le gouvernement a adopté en juin dernier. Ce plan a en effet permis la création de 13 630 places de CADA, de 4 000 places d’AT-SA ainsi que de 500 places en centre provisoire d’hébergement (CPH).

Réduction continue du nombre de migrants présents à Calais

Grâce à cette action déterminée, une réduction continue des populations présentes dans le camps de Calais a été observée depuis plusieurs semaines. Alors que  6 000 migrants y vivaient encore en octobre dernier, ils ne sont plus désormais que 3 700. « C’est donc cette démarche que nous devons poursuivre et amplifier, avec beaucoup de détermination, pour aboutir à la disparition de ces campements. C’est une impérieuse nécessité compte tenu des conditions déplorables dans lesquelles vivent ceux qui y sont installés » a insisté le ministre de l'Intérieur le 22 février au Mans.

Mise à l’abri de tous les migrants vivant encore dans la zone sud de la lande

Bernard Cazeneuve a indiqué que l'évacuation se fera "de manière progressive, en privilégiant à chaque instant le dialogue, la persuasion et l'information des migrants, dans le respect des personnes et en tenant compte de chaque situation individuelle". Il a affirmé que chacun d'entre eux aura une place dans l'un des dispositifs d'hébergement mis en place à Calais ou dans un des 102 centres d'accueil et d'orientation ouverts sur tout le territoire.

Le ministre a insisté sur le fait que "la mise à l'abri des migrants de la zone sud du campement est une étape humanitaire et rien d'autre", répondant ainsi aux voix qui se sont élevées pour demander l'annulation de l'arrêté d'expulsion.

Le Gouvernement s'emploie à tout mettre en oeuvre pour que les réfugiés soient accompagnés dignement vers leur intégration en France. A partir de Calais, la France démontre qu'elle veut accueillir, et que cette ambition ne peut se satisfaire d'un camp qui est une impasse.