Brice HORTEFEUX sur « Dimanche soir politique » : Trois principes au coeur de la politique d’immigration du gouvernement

14 décembre 2010

Dimanche 12 décembre 2010, Brice HORTEFEUX, ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration était l’invité de « Dimanche soir politique » diffusée sur France Inter et I-Télé, avec le journal Le Monde.

« Du côté des victimes, pas des délinquants »

Interrogé par Jean-François ACHILLI pour France Inter, Françoise FRESSOZ pour Le Monde et Jean-Jérôme BERTOLUS pour I-Télé, le ministre de l’intérieur est, tout d’abord, revenu sur la condamnation, vendredi, de sept policiers du commissariat d’Aulnay-Sous-Bois. Il a rappelé : «  il y a des policiers qui ont été convaincus semble-t-il d’avoir commis des fautes et je le dis très simplement ; quand il y a une faute, celle-ci doit être sanctionnée », et puis de préciser « j’ai moi-même engagé une action disciplinaire à l’égard de ces deux policiers ». Le ministre a ensuite « confirmé, revendiqué et assumé » ses propos de vendredi : « j’ai dit très exactement que ce jugement pouvait légitimement apparaître, aux yeux des forces de sécurité, comme étant disproportionné » et de constater que le parquet a conduit le même raisonnement en décidant d’interjeter appel.

Au passage, Brice HORTEFEUX a souhaité « rendre hommage à la profession de policier, de gendarme et d’ailleurs de pompier » qui n’exercent « pas des métiers comme ceux de l’immense majorité des Français » en ce qu’ils ont « la responsabilité d’assurer la cohésion de notre société » en garantissant la « sécurité de tous » sur l’ensemble du territoire. « Derrière cette responsabilité, il y a une réalité », a souligné le ministre, celle de la mort en service : depuis le 1er janvier, 17 policiers et gendarmes sont ainsi décédés dans l’exercice de leurs fonctions.

Après cet hommage appuyé aux forces de sécurité, le ministre de l’intérieur a mis en garde : « ne comptez pas sur moi pour opposer police et magistrats » dont il a déclaré « respecter totalement la fonction » et mis en avant le « rôle essentiel » qu’ils jouent dans « l’équilibre et le fonctionnement de notre société », et d’insister : « chaque jour, des décisions nombreuses sont rendues en matière de justice qui, en réalité, n’entraînent aucun commentaire et ne suscitent aucun étonnement ».

Dans le même temps, le ministre a expliqué la surprise des policiers face à certaines décisions de justice rendues ces dernières semaines en évoquant notamment :

 la remise en liberté par un juge des libertés et de la détention du second braqueur présumé d’Uriage à Grenoble interpellé après de longues recherches par les forces de sécurité ;

 la sortie en toute liberté du tribunal de quatre personnes pourtant soupçonnées d’avoir agressé à coups de marteau des policiers au mois d’août dernier aux Tarterêts à Corbeil-Essonnes ;

 la remise en liberté, le 12 novembre dernier, par le tribunal de Bobigny d’un trafiquant de drogue présumé propriétaire d’une voiture de très grosse cylindrée ne pouvant afficher aucune ressource légale, détenteur à son domicile de 3 kilos de cannabis et d’héroïne, de cocaïne, 5 000 euros en liquide, de kalachnikov et de munitions.

Brice HORTEFEUX s’est clairement positionné « du côté des victimes, pas du côté des délinquants », tout en plaidant que « notre société ne doit pas se tromper de cible : ce sont les délinquants et les criminels qu’il faut mettre hors d’état de nuire ». Assurant qu’« il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarette » entre Michel MERCIER, ministre de la justice et des libertés publiques, et lui, le ministre de l’intérieur a souligné combien ils travaillent « main dans la main », sous l’autorité du président de la République, pour « assurer et préserver la cohésion de notre société », « protéger nos concitoyens » et « lutter et sanctionner toutes les formes de délinquance ».

Pour l’exécution des peines supérieures à un an

Brice HORTEFEUX s’est une nouvelle fois prononcé pour une amélioration de la loi pénitentiaire. Si ce texte contient « beaucoup d’aspects extrêmement positifs », le ministre souhaite en revoir un point précis, à savoir la mesure aboutissant à ce qu’une personne condamnée à deux ans de prison ne fasse pas une seule journée de détention par le jeu d’aménagements et d’autres substitutions. Pour le ministre de l’intérieur : « ce dispositif doit être revu » pour qu’une peine soit réellement exécutée dès lors qu’elle est supérieure à un an.

Un dialogue permanent avec les autorités religieuses

Réagissant aux déclarations de Marine LE PEN qui a parlé d’occupation à propos de certaines prières musulmanes dans la rue, Brice HORTEFEUX a rappelé la responsabilité qui est la sienne, sous l’autorité du président de la République et du Premier ministre, de « faire en sorte que ceux qui croient comme ceux qui n’y croient pas puissent vivre leurs convictions ». Il a insisté sur le « dialogue permanent » qu’il mène avec les autorités catholiques, avec les autorités de la communauté juive et le Conseil français du Culte musulman et sur son rôle, qui est de permettre que « l’ensemble de ces religions puissent être pratiquées dignement ».

Trois principes au coeur de la politique d’immigration du gouvernement

Le ministre de l’intérieur a, ensuite, été interrogé sur les questions d’immigration ; ce qui lui a permis d’exposer les trois principes directeurs de son action :

 « Premier principe : la France a le droit comme tous les pays de décider qui elle veut ou qui elle peut accueillir sur son territoire, comme cela se passe dans tous les pays du monde ;

 Deuxième principe : un étranger qui vient sur notre territoire français sans en avoir demandé l’autorisation a vocation à être reconduit dans son pays d’origine sauf situation particulière, situation humanitaire, situation politique, situation sanitaire, situation sociale ;

 Troisième principe : un étranger en situation légale, qui a respecté les règles, a pour l’essentiel les mêmes droits économiques et sociaux que nos compatriotes ».

Retour sur l’épisode neigeux

Brice HORTEFEUX s’est aussi exprimé sur l’épisode de neige et de verglas survenu au cours de la semaine, épisode qu’il a qualifié d’« événement météorologique le plus important et le plus grave depuis une génération ». Il a indiqué que Météo France avait « parfaitement prévu l’évolution neigeuse » et même son évacuation vers l’Est de la France. En revanche, le ministre a pointé du doigt la difficulté pour les services météorologiques de prévoir la densité neigeuse. En l’espèce, mercredi 8 décembre, en début d’après-midi, l’estimation était de 3 centimètres à Paris et de 10 centimètres en banlieue alors qu’on a finalement relevé 11 centimètres à Paris et aux alentours de 20 centimètres en banlieue. Le ministre en a profité pour indiquer que la situation n’« avait rien à voir » avec ce qui s’était passé en 2003 quand 60 000 véhicules avaient été immobilisés sur 60 kilomètres de long. Si une telle situation a pu être évitée, c’est parce que les pouvoirs publics ont « tiré un certain nombre d’enseignements » comme la mise en place de centres de secours, qui ont hébergé 330 personnes au plus fort des intempéries. Au-delà, le ministre de l’intérieur a donné des « consignes très strictes » afin que les véhicules laissés sur les routes ou mal garés ne soient « pas verbalisés ». « Si certains l’ont été dans les zones concernées par les intempéries, leurs propriétaires doivent se manifester auprès des services de police ». Il a également évoqué la « mission d’expertise » confiée au chef de l’inspection de l’administration pour améliorer le dispositif en examinant les procédures mises en place chez nos voisins européens.

Vigilance permanente face à la menace terroriste

Enfin, après l’attentat survenu à Stockholm dimanche, le ministre a confirmé que « la menace reste forte et réelle », que « notre vigilance est permanente » et que « nous restons au plan Vigipirate rouge ».