Le ministre de l'Intérieur en visite en Grèce et en Turquie au sujet de la crise migratoire

photo de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, en Grèce le 4 février 2016
5 février 2016

Face à l'importante crise migratoire que vit l'Europe depuis des mois, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, s'est rendu en Grèce et en Turquie, pour parler accueil, contrôles et solidarité européenne.


Des « hotspot » stratégiques

Le ministre de l'intérieur français a débuté sa visite par l'île grecque de Lesbos, où il a visité le camp de Moria. L'île de Lesbos est un "hotspot" sensé accueillir et enregistrer les migrants à leur arrivée. Un dispositif crucial pour les contrôles d'identité, alors que l'enjeu sécuritaire "lourd et décisif" après les attentats parisiens de novembre exige de se doter des outils nécessaires pour détecter d'éventuels jihadistes. Ces "hotspots" servent également de base au mécanisme de "relocalisation" visant à répartir 160.000 réfugiés en Europe d'ici deux ans.

La France et l'Allemagne aux côtés de la Grèce

Alors que la Commission européenne, estimant que la Grèce a "sérieusement négligé ses obligations", lui a adressé mardi des recommandations pour mieux vérifier l'identité des arrivants et héberger les demandeurs d'asile, Bernard Cazeneuve et son homologue allemand, Thomas de Maizière, ont assuré que leurs deux pays sont aux côtés de la Grèce et que cette dernière ne peut pas gérer la crise seule. Plus d'un million de migrants sont arrivés en Europe en 2015.

Les ministres de l'Intérieur Français et Allemand ont ainsi demandé une nouvelle mission Frontex pour faire progresser l'accueil et l'enregistrement des migrants. Frontex est l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l'Union européenne. Elle est responsable de la coordination des activités des garde-frontières dans le maintien de la sécurité des frontières de l'Union avec les États non-membres.

Le ministre de l'Intérieur français a indiqué que si « l'Europe ne prend pas les mesures nécessaires, alors une hypothèque planera sur Schengen ».

Une crise européenne

La France n'est pas en première ligne de la crise migratoire, les réfugiés privilégiant jusqu'ici l'Allemagne ou la Suède, néanmoins les effets se font sentir directement, à travers la situation à Calais ou Grande-Synthe. Des milliers de migrants qui tentent de gagner la Grande-Bretagne après avoir traversé la Méditerranée se retrouvent en France dans l'impossibilité de mener leur projet à bien. Un important dispositif a en effet été mis en place pour garantir l'étanchéité de la frontière avec la Grande-Bretagne. Par ailleurs, cette situation implique des mesures humanitaires d'urgence, que Bernard Cazeneuve a détaillé à plusieurs reprises ces derniers mois.

Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière, ministres de l'Intérieur français et allemand, ont rencontré le Premier ministre Alexis Tsipras. Ils ont discuté ensemble de la réduction des flux migratoires, du renforcement de Frontex et de la lutte contre la fraude documentaire. Sur ces trois sujets, Bernard Cazeneuve a réaffirmé qu'il fallait « aller vite ».

La Turquie, étape stratégique

Le ministre de l'Intérieur s'est ensuite rendu en Turquie où il s'est entretenu avec son homologue Efkan Âlâ. La Turquie est une étape stratégique pour les migrants arrivant de Syrie mais aussi d'Afghanistan ou d'Irak.

L'Union européenne a approuvé mercredi les modalités du financement d'un fonds d'aide de trois milliards d'euros destiné aux réfugiés syriens vivant en Turquie, promis en contrepartie de l'aide d'Ankara pour freiner les flux migratoires vers l'Europe.

L'enjeu, dans ce pays comptant 900 kilomètres de frontières avec la Syrie, porte notamment sur les contrôles des entrées et sur la lutte contre les réseaux de passeurs, ainsi que sur la fraude aux faux passeports.