Depuis la fin des années 1960, la répartition des immigrés par département et la part qu’ils représentent dans les populations locales ont évolué de manière très différenciée. En 2021, l’Île-de-France concentre 37 % des immigrés de France métropolitaine, contre 29 % en 1968. Hors Île-de-France, la population immigrée s’est diffusée sur l’ensemble du territoire, bien que des écarts territoriaux demeurent : en 2021, la part des immigrés dans la population varie de 31,2 % en Seine-Saint-Denis à 2,6 % dans le Pas-de-Calais. Parallèlement, les origines des immigrés se sont progressivement recomposées et largement diversifiées. En 2021, Portugais et Britanniques sont les plus représentés dans respectivement 22 et 13 départements. Dans le même temps, les immigrés les plus nombreux sont originaires du Maghreb dans plus de la moitié des départements.
En 2021, près de 6,7 millions d’immigrés (définition) résident en France métropolitaine, soit plus du double qu’en 1968. La part des immigrés dans la population s’établit ainsi à 10,2 % en 2021, contre 6,5 % à la fin des années 1960, marquant une progression de 3,7 points sur plus de cinq décennies. Toutefois, cette évolution globale masque d’importantes disparités et des situations très contrastées selon les départements [1].
En 2021, la moitié des immigrés résidant en France métropolitaine se concentrent dans douze départements, parmi lesquels figurent ceux de l’Île-de-France, ainsi que le Rhône, les Bouches-du-Rhône, le Nord et les Alpes-Maritimes (figure 1). L’Île-de-France à elle seule regroupe près de quatre immigrés sur dix (37 %). La Seine-Saint-Denis en accueille 7,8 %, devant Paris (6,5 %) et le Val-de-Marne (4,8 %) [2]. Cette répartition territoriale diffère sensiblement de celle observée à la fin des années 1960. En 1968 (source), la région francilienne concentrait 29 % des immigrés de France métropolitaine, soit 8 points de moins qu’en 2021. Cette évolution résulte d’une croissance du nombre d’immigrés nettement supérieure à la moyenne nationale dans les départements franciliens, à l’exception de Paris. La capitale, qui accueillait 9,9 % des immigrés en 1968 et encore 9,0 % en 1999, en concentre 6,5 % en 2021. Sur cinquante ans, le nombre d’immigrés à Paris a néanmoins progressé de 35 %, une hausse bien inférieure à celle observée sur l’ensemble de la France métropolitaine (+106 %).
Lecture : En 2021, 7,8 % des immigrés habitent en Seine-Saint-Denis.
Champ : France métropolitaine.
Source : INSEE, SAPHIR : recensement de la population harmonisé de 1968 à 2021.
À l’instar de Paris, plusieurs départements qui accueillaient déjà un grand nombre d’immigrés en 1968 ont vu leur population immigrée croître au fil des décennies, mais dans des proportions moindres que celles observées au niveau national. En conséquence, la part des immigrés y a diminué. C’est notamment le cas du Rhône, des Bouches-du-Rhône, du Nord, des Alpes-Maritimes, de l’Isère, de l’Hérault, de la Moselle et du Var. En 2021, ces neuf départements concentrent 26 % des immigrés vivant en France métropolitaine, contre 38 % en 1968 (figure 1).
En 2021, les régions Bretagne, Centre-Val de Loire, Normandie, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine regroupent à elles cinq 16 % des immigrés vivant en France métropolitaine. Bien que cette part reste modeste, elle a doublé depuis 1968, où ces territoires en accueillaient moins de 8 %. Cette progression y reflète une dynamique d’installation plus soutenue que la moyenne nationale. En Loire-Atlantique notamment, 1,2 % des immigrés de France métropolitaine résident désormais dans ce département, soit une part quatre fois supérieure à celle observée en 1968. Le département, qui se situait alors au 68ᵉ rang des départements métropolitains accueillant le plus d’immigrés, figure désormais en 22ᵉ position.
Si la population immigrée a globalement progressé sur l’ensemble du territoire métropolitain, certains départements connaissent une évolution inverse. Entre 1968 et 2021, le nombre d’immigrés a reculé dans six départements. Parmi eux, quatre sont situés dans le quart Nord-Est : le Pas-de-Calais (-47 %), les Ardennes (-25 %), la Meuse (-19 %) et la Haute-Marne (-18 %), les deux autres sont les Hautes-Pyrénées (-6 %) et le Gers (-5 %). Cette baisse, parfois marquée, s’accompagne donc d’un recul de leur poids dans la géographie nationale de l’immigration : en 2021, ces six départements ne concentrent plus que 1,5 % des immigrés de France métropolitaine, contre 4,4 % en 1968, soit une diminution de 2,9 points (figure 1).
Toutes ces évolutions traduisent une diffusion progressive et une relative uniformisation de la répartition des immigrés sur le territoire métropolitain hors Île-de-France. En près de 55 ans, la hausse significative d’un indice de Moran (0,42 à 0,62, encadré 1) révèle une organisation spatiale plus structurée et une tendance à la proximité géographique entre territoires à fortes proportions d’immigrés, tandis que la faible baisse de l’indice de Gini (0,60 à 0,58, encadré 1) indique une concentration territoriale relativement stable. Mais cette stabilité apparente résulte de la compensation d’une concentration en Île-de-France par une diffusion sur le reste du territoire. Ainsi, hors Île-de-France, l’indice de Gini passe de 0,57 à 0,49 en cinq décennies.
Malgré une diffusion progressive de la population immigrée sur le territoire métropolitain hors Île-de-France, les immigrés restent nettement plus concentrés géographiquement que les natifs. De 1968 à 2021, les dix départements comptant le plus d’immigrés en regroupent 45 %, contre seulement 27 à 30 % pour les natifs. Cette concentration se traduit par des écarts significatifs dans la part des immigrés au sein de la population locale. En 2021, cette part varie de 31,2 % en Seine-Saint-Denis à 2,6 % dans le Pas-de-Calais (figure 2). L’Île-de-France se distingue particulièrement : en 2021, ses huit départements figurent parmi les dix dont la présence immigrée est la plus importante. Depuis 1968, la part des immigrés dans la population y a augmenté plus fortement que la moyenne nationale, avec des hausses allant de +6,4 points en Seine-et-Marne à +20 points en Seine-Saint-Denis. Dans ce dernier, l’évolution est notamment marquée sur la période 1975-1999 (+8,1 points). En 1968, Paris occupait la 4ᵉ position avec 12,5 % d’immigrés, tandis que l’Essonne se situait au 31ᵉ rang. En 2021, Paris occupe toujours la 4ᵉ position avec 20,4 % d’immigrés dans sa population, alors que le département de l’Essonne a atteint la 6ᵉ position avec 17,8 % d’immigrés.
Lecture : La part d’immigrés parmi les habitants des Pyrénées-Orientales est de 16,8 % en 1968, et de 10,6 % en 2021, soit une évolution de -6,3 points de pourcentage.
Champ : France métropolitaine.
Source : INSEE, SAPHIR : recensement de la population harmonisé de 1968 à 2021.
Hormis en l’Île-de-France, seuls deux départements présentent à la fois une part d’immigrés et une évolution de cette part supérieures à la moyenne nationale. Il s’agit du Haut-Rhin, dans la région Grand Est, et de l’Ain, en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans ces deux territoires, les immigrés représentaient respectivement 7,3 % et 7,2 % de la population locale en 1968, contre 12,3 % et 12,1 % en 2021, soit une augmentation d’environ 5 points. Ailleurs en France métropolitaine, les dynamiques départementales apparaissent bien plus contrastées.
En 2021, les départements du littoral méditerranéen présentent une proportion importante d’immigrés dans leur population. Dès 1968, à l’exception du Gard et de la Corse-du-Sud, tous affichaient déjà une part d’immigrés supérieure à 10,2 %. Pour autant, l’évolution de la présence immigrée de ces territoires n’est pas homogène. En Corse, les deux départements connaissent des dynamiques opposées : en Corse-du-Sud, la part des immigrés progresse de 8,6 % à 9,1 % entre 1968 et 2021 (figure 2), tandis qu’en Haute-Corse, elle recule légèrement de 10,4 % à 10,1 %, un ratio désormais inférieur à la moyenne métropolitaine. Sur le reste du littoral méditerranéen, la part des immigrés diminue dans tous les départements entre 1968 et 1999, avant de repartir à la hausse entre 1999 et 2021, à l’exception notable du Var [3]. Dans ce département, la part des immigrés baisse continûment, passant de 11,6 % en 1968 à 7,8 % en 2021. Le Var, qui était alors le 6ᵉ département métropolitain en proportion d’immigrés, se classe désormais 42ᵉ.
En dehors du littoral méditerranéen, sept départements ont vu la part des immigrés dans leur population diminuer entre 1968 et 2021, passant ainsi sous la moyenne nationale. C’est le cas de l’Isère, de la Savoie, de l’Ariège, du Gers, des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Pyrénées et de la Haute-Marne. À l’inverse, deux départements connaissent une trajectoire opposée : le Loiret, sous l’influence de la proximité francilienne, atteint 10,8 % d’immigrés en 2021, tandis que le Bas-Rhin s’établit à 11,6 %, en lien avec sa position frontalière et la dynamique des départements voisins. En effet, la Moselle et le Haut-Rhin présentent également des taux élevés, avec respectivement 11,4 % et 12,3 % d’immigrés en 2021. Enfin, dans le quart Nord-Ouest de la France, la part des immigrés augmente entre 1968 et 2021 dans la quasi-totalité des départements. Cette progression témoigne d’une diffusion de la population immigrée vers des territoires historiquement moins concernés par les flux migratoires. Toutefois, et malgré cette dynamique, la proportion d’immigrés y demeure largement inférieure à la moyenne de France métropolitaine, traduisant une implantation modérée dans cette partie du territoire.
La diversité des origines des immigrés s’est aussi considérablement accrue depuis la fin des années 1960, et ce, dans tous les départements de France métropolitaine. En 1968, plus de sept immigrés sur dix étaient originaires d’Europe, notamment d’Europe du Sud : 24 % venaient d’Italie, 21 % d’Espagne et 9 % du Portugal (figure 3). L’immigration africaine était alors principalement maghrébine, le plus souvent d’Algérie (12 %), tandis que l’Asie était surtout représentée par la Turquie (2 %). Depuis, le nombre d’immigrés italiens et espagnols a diminué, leur part atteignant respectivement 4 % et 3 % en 2021. À l’inverse, les immigrés portugais restent nombreux, leur effectif ayant plus que doublé entre 1968 et 2021 [4], les maintenant à 8 % des immigrés de France métropolitaine. Les immigrés marocains sont également plus présents et représentent 13 % des immigrés de l’hexagone en 2021. Hors Maghreb, l’immigration africaine s’est élargie : les migrants originaires d’Afrique subsaharienne, notamment d’Afrique sahélienne, guinéenne ou centrale [5], rassemblent désormais 18 % des immigrés. Enfin, le nombre d’immigrés asiatiques a été multiplié par dix depuis 1968, en provenance de tout le continent [6], et concerne 15 % des immigrés en France métropolitaine en 2021.
Lecture : En 2015, 4 % des immigrés résidant en France métropolitaine sont nés en Italie.
Champ : France métropolitaine.
Source : INSEE, SAPHIR : recensement de la population harmonisé de 1968 à 2021.
Les origines des immigrés diffèrent aussi fortement selon les départements où ils résident. Résultats des mobilités d’après-guerre, les immigrés originaires de Pologne, de Belgique et d’Allemagne étaient surreprésentés en 1968 dans de nombreux départements des Hauts-de-France, du Grand-Est et de Normandie. Les Polonais constituaient alors la principale origine des immigrés dans 7 départements, notamment dans le Pas-de-Calais où ils en représentaient 40 % (figure 4). Les Belges étaient particulièrement présents dans le Nord, où ils formaient près d’un quart des immigrés, mais aussi dans la Somme et les Ardennes, avec plus d’un immigré sur cinq. Enfin, dans le Bas-Rhin, les résidents allemands y étaient les immigrés les plus nombreux (30 %). En 2021, bien que devenus minoritaires, ces groupes restent encore le plus souvent installés dans les territoires frontaliers de l’Est de la France métropolitaine.
Par ailleurs, les Italiens et les Espagnols constituaient ensemble les deux nationalités les plus représentées dans 31 départements en 1968. Leur part y allait de 26 % des immigrés en Vendée à 89 % dans l’Aude, avec une présence particulièrement marquée dans les départements frontaliers du Sud. Cette surreprésentation a progressivement disparu : en 2021, dans aucun département ces deux nationalités sont les plus représentées. Toutefois, certaines préférences résidentielles spécifiques demeurent : les Espagnols restent les plus nombreux dans les Pyrénées-Orientales (28 % des immigrés) et les Pyrénées-Atlantiques (26 %), tandis que les Italiens conservent une présence prépondérante dans les Hautes-Alpes (17 %), en Savoie (14 %) et en Moselle (13 %).
Conséquence de leur présence croissante en France depuis la fin des années 1960, les Portugais sont, en 2021, la première origine immigrée dans 22 départements de France métropolitaine, dont 7 en Auvergne-Rhône-Alpes et 5 en Occitanie. De plus, ils représentent plus de 30 % des immigrés dans 3 départements : en Lozère, dans les Landes et en Corse-du-Sud. Déjà prépondérants dans 18 départements en 1968, ils le sont restés dans 9 d’entre eux 5 décennies plus tard, bien que leur part y ait souvent diminuée. En Seine-et-Marne, par exemple, leur poids est passé de 22 % des immigrés en 1968 à 14 % en 2021, et dans l’Essonne, de 25 % à 13 %. Inversement, les Portugais étaient déjà implantés en 1968 dans ces 22 départements sans y être forcément les immigrés plus nombreux. Par exemple dans le Lot, ils rassemblaient 24 % des immigrés derrière les Espagnols (43 %).
Témoins des dynamiques d’héliotropisme, les Britanniques sont, en 2021, les immigrés les plus nombreux dans 13 départements, dont 6 situés en Nouvelle-Aquitaine. Leur nombre a été multiplié par dix depuis la fin des années 1960, traduisant une installation progressive, souvent liée à des projets résidentiels ou de retraite [4]. Au niveau national, les Britanniques constituent 2,1 % des immigrés en 2021, mais ils représentent désormais 33 % des immigrés dans la Creuse, 29 % en Charente et 25 % en Dordogne, confirmant leur ancrage dans certains territoires ensoleillés du Sud-Ouest.
Note : Les 3 origines les plus représentées par département sont disponibles dans les données complémentaires, ainsi que les parts associées.
Lecture : En 2021, le Maroc était l’origine la plus présente en Haute-Corse (avec 33,3 % des immigrés).
Champ : France métropolitaine.
Source : INSEE, SAPHIR : recensement de la population harmonisé de 1968 à 2021.
Compte tenu des vagues migratoires en provenance d’Afrique du Nord au cours des cinq dernières décennies, les immigrés originaires d’Algérie, du Maroc ou de Tunisie constituent en 2021 la principale origine des immigrées dans 52 départements de France métropolitaine (figure 4). Par exemple, ceux provenant du Maroc regroupent 38 % des immigrés du Vaucluse, 33 % de la Haute-Garonne, et 30 % dans l’Hérault, tandis que ceux venant d’Algérie rassemblent 28 % des immigrés des Bouches-du-Rhône.
Dans 4 départements, les trois pays du Maghreb sont les trois principales origines en 2021 : dans le Var (42 % des immigrés), le Rhône (39 %), les Hauts-de-Seine (36 %) ou encore à Paris (25 %).
Hors Maghreb, la présence d’immigrés originaires d’Afrique s’est accrue sur tout le territoire en 5 décennies. Rassemblés, ces pays forment, en 2021, la deuxième origine d’immigrés dans 8 départements répartis entre la Bretagne, la Normandie et les Pays-de-la-Loire.
L’implantation africaine historiquement marquée s’est aussi accompagnée d’une diversification progressive et généralisée des origines des immigrés dans tous les départements métropolitains. En effet, pour l’ensemble de la France métropolitaine, l’indice de Theil atteint 2,5 en 1968 et 3,7 en 2021 (encadré 1), et traduit une forte augmentation de la diversité des origines des immigrés. Au cours de la période, tous les départements ont connu une hausse de l’indice comprise entre +23 % en Haute-Corse, jusqu’à une multiplication par 3 dans les Pyrénées-Orientales. Ces différenciations sont particulièrement marquées dans le Sud de la France : par exemple, l’indice de Theil a augmenté de 225 % dans l’Aude, et de plus 140 % dans l’Hérault et dans l’Ariège.
Cette analyse mobilise trois indices statistiques afin d’étudier la répartition territoriale des immigrés en France métropolitaine et la diversité de leurs origines par département.
L’indice de Gini y mesure le niveau d’inégalité dans la répartition départementale des immigrés. Il varie entre 0 (distribution parfaitement uniforme) et 1 (concentration maximale dans un seul département). L’indice de Gini est de 0,60 en 1968 et 0,58 en 2021 (figure 5). À titre de comparaison, l’indice est de 0,37 et 0,39 sur ces deux années pour les natifs.
L’indice de Moran mesure ici l’autocorrélation spatiale, c’est-à-dire la similarité de la présence immigrée entre départements voisins. Il varie entre +1 (forte similarité entre départements contigües) et -1 (répartition totalement dissimilaire), 0 indiquant une distribution aléatoire. L’indice de Moran du total d’immigrés par département s’élève à 0,42 en 1968 et 0,62 en 2021.
L’indice de Theil permet dans cette analyse de mesurer la diversité des origines des immigrés. Il évalue à quel point la population immigrée est composée par une ou plusieurs origines, ou au contraire répartie de façon équilibrée entre plusieurs origines. Plus l’indice est élevé, plus la diversité est grande. Conditionnellement aux origines renseignées dans Saphir (source), l’indice est en France métropolitaine de 2,5 en 1968 et 3,7 en 2021. Sur la période, l’indice a augmenté dans tous les départements, une hausse allant de 20 % à une multiplication par 3.
Afin de caractériser les départements selon la présence d’immigrés de 1968 à 2021, une méthode de classification en deux étapes a été employée : une analyse en composantes principales suivie d'une classification ascendante hiérarchique. Les variables mesurées en 1968, 1999 et 2021 et mobilisées afin d’élaborer cette typologie sont la concentration d’immigrés dans le département, celle de leurs départements voisins, la part des immigrés dans la population du département et l’indice de Theil de leurs origines. Six profils départementaux se distinguent (figure 6).
Les trois premiers profils départementaux se caractérisent, entre 1968 et 2021, par une présence étrangère systématiquement supérieure à la moyenne nationale. Ce phénomène est particulièrement marqué dans le premier profil, constitué de Paris et de la Seine-Saint-Denis (figure 6), où la part de population immigrée atteint des niveaux nettement plus élevés que dans les autres zones. Le deuxième profil, qui regroupe le reste de l’Île-de-France ainsi que les départements du Rhône, des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes, présente également une concentration étrangère importante, bien que moindre que celle observée dans le premier. Le troisième profil, quant à lui, englobe les départements périphériques de ceux du deuxième profil, ainsi que certains territoires frontaliers du Nord-Est, la Haute-Garonne et la Gironde. Ces trois profils se différencient également par la diversité des origines migratoires de leur population. Le premier profil se distingue par une très forte hétérogénéité des origines, supérieure à celle observée à l’échelle nationale. Le deuxième profil présente une diversité proche de la moyenne nationale, avec une prédominance des nationalités les plus fréquemment représentées en France. Enfin, le troisième profil se singularise par une diversité d’origines plus faible que celle observée à l’échelle nationale.
Dans les trois derniers profils départementaux, la concentration des immigrés est demeurée nettement inférieure à celle observée dans les trois premiers profils au cours des cinq dernières décennies. Toutefois, ces profils présentent des dynamiques différenciées. Le quatrième profil regroupe les départements situés dans le quart Nord-Ouest de la France (figure 6). Dans cette zone, la part des immigrés dans la population est sensiblement plus faible que dans le reste du territoire. Une spécificité notable de ce profil réside dans la surreprésentation des immigrés originaires du Royaume-Uni, qui figurent parmi les nationalités les plus présentes dans ces départements. Le cinquième profil concerne des départements du Sud de la France, situés à proximité immédiate de ceux du profil 2, caractérisés par une forte présence immigrée. Bien que les immigrés y soient relativement peu nombreux, leur part dans la population départementale excède la moyenne nationale. Conséquence de leur position géographique, les immigrés originaires d’Espagne y sont surreprésentés. Enfin, le sixième profil regroupe un ensemble de départements s’étendant du Nord-Est au Sud-Ouest de la France. Ces territoires se caractérisent par une faible densité immigrée, tant en proportion qu’en répartition. Toutefois, à la différence des deux précédents profils de faible concentration, la diversité des origines des immigrés y est supérieure à la moyenne nationale.
Immigré :Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l’Intégration, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Les personnes nées Françaises à l’étranger et vivant en France ne sont donc pas immigrées. Certains immigrés ont pu devenir Français, les autres restant étrangers. Les populations étrangère et immigrée ne se recoupent que partiellement : un immigré n’est pas nécessairement étranger et réciproquement, certains étrangers sont nés en France (essentiellement des mineurs). La qualité d’immigré est permanente : un individu continue à appartenir à la population immigrée même s’il devient Français par acquisition. C’est le pays de naissance, et non la nationalité à la naissance, qui définit l'origine géographique d’un immigré.
Saphir :L'Insee a conçu une base historique des Recensements de population (Saphir) sur la période 1968-2021. Ce fichier historique portant sur la France métropolitaine ainsi que sur les DOM depuis 1982, comporte une quarantaine de variables ayant trait à la géographie, aux caractéristiques sociodémographiques de l'individu, à celles du ménage auquel il appartient, ainsi que les principales caractéristiques de sa résidence principale. Saphir est issue des exploitations complémentaires (par sondage) du recensement de la population et présente l'avantage de proposer une quarantaine de variables usuelles construites de manière à être le plus comparable possible d'un recensement à l'autre. La source concerne la population résidant en France métropolitaine pour les recensements de 1968, 1975 et 1982, en France métropolitaine et dans les DOM pour les recensements de 1990, 1999, 2010, 2015 et 2021.
[1] Brutel C., (2016), « La localisation géographique des immigrés. Une forte concentration dans l’aire urbaine de Paris », Insee Première, n°1591.
[2] Court L., (2020), « Répartition départementale des immigrés en 2016 », Infos-Migrations, n°100.
[3] Ettouati S., & Schaffar A., (2020), « Localisation et mobilité résidentielle des étrangers en France », Revue d’Économie Régionale et Urbaine, n°4, p.743-769
[4] Tanneau P., (2024), « En 2023, 2,4 millions d’immigrés nés en Europe vivent en France », Insee Première, n°2011.
[5] Rhouban O., (2024), « En 2023, 3,5 millions d’immigrés nés en Afrique vivent en France », Insee Première, n°2010.
[6] Rhouban O., (2024), « En 2023, un million d’immigrés nés en Asie vivent en France », Insee Première, n°2009.