Les demandes d’asile sont en baisse de 5,5 % en 2024, sous l’effet de la baisse du nombre de procédures Dublin. Les demandes en procédures normales ou accélérées ainsi que les réexamens sont, quant à eux, plus nombreux que l’an passé. Les principaux primo-demandeurs sont d’origine ukrainienne, tandis que les ressortissants principalement concernés par les rééxamens sont les Haïtiens. Le taux synthétique de protection est en hausse de 4,6 points.
En 2024, les demandes d’asile formulées en Guichets Uniques pour Demandeurs d’Asile (GUDA) se répartissent en 130 952 premières demandes et 26 995 réexamens, soit au total 157 947 demandes, représentant une baisse de 5,5 % par rapport à 2023 (1.1). Il s’agit de la première baisse observée depuis la crise du Covid en 2020, avec un retour aux niveaux enregistrés en 2022. Cela est dû aux demandes au titre du règlement Dublin, qui régressent très fortement de - 45,3 % en 2024 par rapport à l’année précédente.
Source : Ministère de l'intérieur, Ofpra
Champ : France
Aux demandes formulées en GUDA, il convient d’ajouter 12 281 autres demandes (1.2). La plupart proviennent de requalifications de procédures initialement identifiées comme relevant d’autres États membres de l’UE au titre du règlement Dublin les années antérieures, mais n’ayant pas donné lieu à un transfert vers le pays européen concerné (8 846). S’y ajoutent des réinstallations de réfugiés, dans le cadre du programme conduit en lien avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies ainsi que les demandes en rétention.
2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024p | 2024p/2023 | |
Premières demandes formulées en GUDA (A) | 81 531 | 104 381 | 136 724 | 145 160 | 130 952 | -9,8 % |
dont : procédure normale ou accélérée¹ procédure Dublin¹ |
64 114 17 417 |
84 343 20 038 |
107 278 29 446 |
108 309 36 851 |
110 796 20 156 |
+2,3 % -45,3 % |
Rééxamens² en GUDA (B) | 11 733 | 16 987 | 19 049 | 21 896 | 26 995 | +23,3 % |
Total des demandes formulées en GUDA (A)+(B) | 93 264 | 121 368 | 155 773 | 167 056 | 157 947 | -5,5 % |
Autres³ (C) | 22 233 | 13 003 | 12 783 | 20 141 | 12 281 | -39,0 % |
Source : Ministère de l'intérieur, Ofpra
Champ : France
¹Statut de la procédure au 31 décembre 2024, c’est-à-dire après une éventuelle requalification si celle-ci a lieu dans l’année. En 2024, 5 719 demandes initiales enregistrées en procédures Dublin ont été requalifiées en procédures normales ou accélérées (cf. encadré 2).
²Nouvelle demande (Normale, Accélérée ou Dublin) d’un même demandeur d’asile, y compris réouvertures de dossier (cf encadré 2)
³Requalification dans l’année en cours des procédures Dublin des années précédentes (cf encadré 2), réinstallations de réfugiés, et premières demandes en rétention.
Nationalité | 2023 |
Afghane | 16 550 |
Guinéenne | 10 512 |
Turque | 9 806 |
Bangladaise | 9 563 |
Ivoirienne | 9 562 |
Congolaise (RDC) | 8 813 |
Géorgienne | 6 121 |
Soudanaise | 5 617 |
Russe | 4 158 |
Sri Lankaise | 3 564 |
Toutes nationalités | 145 160 |
Part des 10 nationalités | 58,1 % |
Nationalité | 2024p | 2024p/2023 | Part des procédures Dublin |
Ukrainienne | 13 353 | +293,9 % | 0,3 % |
Afghane | 10 376 | -37,3 % | 17,8 % |
Congolaise (RDC) | 9 294 | +5,5 % | 8,8 % |
Guinéenne | 7 989 | -24,0 % | 23,5 % |
Ivoirienne | 6 974 | -27,1 % | 16,6 % |
Turque | 5 868 | -40,2 % | 18,3 % |
Haïtienne | 5 756 | +104,1 % | 0,2 % |
Bangladaise | 5 394 | -43,6 % | 11,1 % |
Soudanaise | 5 186 | -7,7 % | 39,8 % |
Géorgienne | 3 480 | -43,1 % | 6,9 % |
Toutes nationalités | 130 952 | -9,8 % | 15,4 % |
Part des 10 nationalités | 56,3 % | -1,8 pts | 7,4 % |
Source : Ministère de l'intérieur
Champ : France
Source : Ministère de l'intérieur
Champ : France, premières demandes
La demande ukrainienne a quadruplé en 2024 compensant ainsi les 60 % de baisse constatée l’année précédente pour les demandes européennes (1.3). La demande des ressortissants de pays du continent asiatique enregistre une baisse de 33 %, notamment les demandes afghanes (- 37,3 %) et bangladaise (- 43,6 %) qui poursuivent leur baisse entamée depuis 2022.
Cette année, la demande africaine décroît également : de fortes baisses de la demande d’asile sont enregistrées en provenance de la Guinée (- 24 %), de la Côte d’Ivoire (- 27,1 %) et du Soudan dans une moindre mesure (- 7,7 %).
Enfin, la primo-demande haïtienne a doublé en un an (+ 104,1 %).
Parmi les principales nationalités, certaines regroupent des demandeurs déjà présents sur le territoire, comme les Ukrainiens qui convoitent le statut de réfugié en tant qu’alternative durable à la protection temporaire, ou les Haïtiens en Outre-Mer, moins concernés par le règlement Dublin. D’autres nationalités déposent leur demande en France après en avoir déjà déposée une dans un autre Etat membre membre de l’Union Européenne, à l’instar des Soudanais, dont près de 40 % des primo-demandeurs ont été identifiés ailleurs, ainsi que des Guinéens (23,5%) les Turcs (18,3%) et les Afghans (17,8%)
Pour la première fois sur un passé récent, les demandes afghanes ne sont plus les demandes les plus nombreuses (1.4). Onzième en 2023, la demande ukrainienne (13 353) est la plus élevée cette année. En 2024, elle représente une première demande d’asile sur dix.
Bien qu'une baisse soit constatée, les ressortissants africains constituent toujours plus de 4 primo-demandeurs d’asile sur 10.
Source : Ministère de l'intérieur
Champ : France, premières demandes
En 2024, les demandes de réexamen sont en forte hausse, confirmant la tendance observée ces dernières années (2.2). Les évolutions les plus remarquables concernent cette année les demandes formulées par les Haïtiens qui ont été multipliées par 3,6, celles des Bangladais qui augmentent de 50 % et dans une moindre mesure celles des Sri Lankais et des Congolais qui progressent d’environ 30 %. Parmi les principales nationalités, seules deux d’entre elles enregistrent une baisse des réexamens : la Géorgie (- 7,8 %) et le Nigéria (- 16,8 %).
Source : Ministère de l'intérieur
Champ : France, réexamens
En termes de volumes, les demandes haïtiennes sont au nombre de 5 888 ce qui représente une valeur jamais atteinte pour aucun pays depuis 2018. Elles représentent un réexamen de demande d’asile sur cinq (2.1). Les demandes turques sont également particulièrement nombreuses (2 946) et celles des Afghans bien qu’en décélération progressent encore de 19 % pour atteindre 2 539. À elles seules, ces trois nationalités représentent plus de 42 % de la demande de réexamen.
Nationalité | 2023 |
Turque | 2 554 |
Afghane | 2 133 |
Haïtienne | 1 644 |
Nigériane | 1 167 |
Guinéenne | 1 056 |
Géorgienne | 1 054 |
Ivoirienne | 900 |
Pakistanaise | 885 |
Albanaise | 880 |
Russe | 748 |
Toutes nationalités | 21 896 |
Part des 10 nationalités | 59,5 % |
Nationalité | 2024p | 2024p/2023 |
Haïtienne | 5 888 | +258,2 % |
Turque | 2 946 | +15,3 % |
Afghane | 2 539 | +19,0 % |
Guinéenne | 1 252 | +18,6 % |
Ivoirienne | 1 056 | +17,3 % |
Bangladaise | 1 028 | +50,3 % |
Géorgienne | 972 | -7,8 % |
Nigériane | 971 | -16,8 % |
Congolaise (RDC) | 906 | +30,2 % |
Sri Lankaise | 805 | +33,9 % |
Toutes nationalités | 26 995 | +23,3 % |
Part des 10 nationalités | 68,0 % | +8,5 pts |
Source : Ministère de l'intérieur
Champ : France, réexamens
En 2024,153 596 demandes d’asile ont été enregistrées à l’Ofpra (cf. encadré 2), soit une hausse de 7,7 % par rapport à 2023 (3.1). Par ailleurs, cet organisme a rendu 141 842 décisions, légèrement plus qu’en 2023 (+ 3,7 %). Le nombre de décisions prises atteint le niveau le plus élevé réalisé depuis 2010, supérieur même à celui de 2021.
Les décisions d’accord enregistrent, quant à elles, une hausse de 22,0 % avec 54 369 attributions de l’asile en première instance, contre 44 560 en 2023. Il s’agit également d’un niveau jamais atteint par le passé. Ce surcroit de dynamisme des accords d’asile par rapport à l’ensemble des décisions augmente mécaniquement le taux d’accord Ofpra, lequel s’approche de 4 décisions favorables sur dix en 2024, en hausse de près de 6 points sur un an.
En seconde instance, la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), a rendu 61 593 décisions, en baisse par rapport à l’année précédente (- 7,2 %), dont 13 106 annulations (accords de protection). S’y ajoutent 2 750 protections accordées par l’Ofpra à des mineurs, à la suite de ces annulations prononcées par la CNDA concernant les majeurs qu’ils accompagnent (cf. encadré 2).
Au total, en 2024, le nombre de décisions d’accord d'un statut de protection prises par l'Ofpra et la CNDA s’établit à 70 225, soit une hausse de 15,3 % par rapport à 2023. Le taux synthétiquede protection (cf. encadré 2) s’inscrit à 49,3 %, en hausse de 4,6 points.
2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024p | 2024p/2023 | |
Demandes d'asile enregistrées à l'Ofpra | 96 424 | 103 164 | 131 254 | 142 649 | 153 596 | +7,7 % |
Décisions Ofpra première instance⁴ | 89 774 | 139 810 | 134 513 | 136 811 | 141 842 | +3,7 % |
dont attributions de l'asile (E) | 20 866 | 35 919 | 38 885 | 44 560 | 54 369 | +22,0 % |
Taux d'accord Ofpra⁵ | 23,7 % | 25,9 % | 29,2 % | 32,9 % | 38,8 % | +5,9 pts |
Recours reçus par la CNDA | 46 043 | 68 243 | 61 552 | 64 685 | 56 497 | -12,7 % |
Décisions CNDA hors mineurs | 42 025 | 68 403 | 67 142 | 66 358 | 61 593 | -7,2 % |
dont annulations (F) | 10 254 | 15 112 | 14 457 | 13 606 | 13 106 | -3,7 % |
Accords Ofpra pour des mineurs accompagnés suite à l'annulation de la décision pour les majeurs par la CNDA (G) | 2 081 | 3 348 | 2 934 | 2 726 | 2 750 | +0,9 % |
Total attributions de l'asile (E)+(F)+(G) | 33 201 | 54 379 | 56 276 | 60 892 | 70 225 | +15,3 % |
Taux synthétique de protection | 38,9 % | 39,2 % | 41,4 % | 44,7 % | 49,3 % | +4,6 pts |
Source : Ofpra, CNDA - Calculs DSED
Champ : France
⁴Les décisions OFPRA cumulent des issus favorables et défavorables aux demandes d'asile, ainsi que
des clôtures de dossiers.
⁵Le taux d'accord OFPRA est calculé en rapportant les décisions favorables à l'ensemble des décisions hors clôtures.
Si l’on se restreint à la population des demandeurs d’asile hors mineurs non accompagnés (seules données disponibles sur longue période), le taux de protection poursuit sa tendance haussière depuis 2021, après avoir été stable pendant cinq ans, pour atteindre cette année 44,7 % (3.2).
Source : Ofpra et CNDA ; calculs DSED
Champ : France, hors mineurs accompagnés
Depuis février 2022 et le début de la crise en Ukraine, les ressortissants de ce pays qui désirent rester quelques temps en France peuvent bénéficier d’une autorisation provisoire de séjour (APS) au titre de bénéficiaires de la protection temporaire. Celle-ci est valable six mois et renouvelable. Le document est délivré très rapidement aux Ukrainiens qui en font la demande et donne accès à des droits spécifiques (scolarité des enfants, aide financière, aide à l’hébergement, prise en charge des soins médicaux, possibilité de travailler…).
Les permis de séjour accordés aux Ukrainiens sont donc des documents provisoires, sauf pour ceux qui demandent la protection internationale et entrent de ce fait dans le processus usuel de l’asile. Ils sont comptés comme tels dans les indicateurs statistiques sur le séjour des étrangers.
On recense 56 314 APS « protection temporaire » détenues par des ressortissants ukrainiens en cours de validité à la fin de 2024. Le pic de 62 245 a été atteint en janvier, effectif qui n’a cessé de baisser au cours de l’année 2024.
En 2024, les Ukrainiens sont la première nationalité à demander l’asile en France. En effet, les guichets uniques pour demandeurs d’asile ont enregistré 13 608 demandes d’Ukrainiens, réexamens compris. Au total, 6 923 ressortissants Ukrainiens ont obtenu la protection internationale en France, contre 2 350 en 2023.