Publication du 04 février 2025
Les sorties du territoire des étrangers en situation irrégulière poursuivent en 2024 leur évolution à la hausse à un rythme soutenu, principalement sous l’effet de la dynamique des éloignements spontanés. Les éloignements forcés vers les pays tiers augmentent. Les aides aux départs augmentent légèrement par rapport à l’année précédente. Trois étrangers sur dix sont d'origine maghrébine. Le nombre d’interpellations d’étrangers en situation irrégulière accélère en 2024. Les interpellations d’étrangers d’origine soudanaise sont notamment deux fois plus nombreuses qu’en 2023.
Les éloignements des étrangers en situation irrégulière (cf. encadré 1) poursuivent leur tendance à la hausse continue depuis 2020 (en 2024, + 26,7 % par rapport à 2023 et + 74,4 % par rapport à 2020), et atteignent 21 601 éloignements mis en œuvre (1.1).
Source : MI-DGEF/DSED - DCPAF
Champ : France métropolitaine, tous pays, majeurs
Les sorties du territoire enregistrent une nette hausse par rapport à 2023 (+ 22,4 %), avec 5 087 sorties supplémentaires, confirmant une tendance installée depuis 2020 (1.2).
Cette dynamique de 2024 est portée non seulement par les éloignements spontanés (+ 66,8 %) et en particulier ceux des ressortissants des pays tiers (+ 69,9 %), mais également par les éloignements aidés (+ 61,9 %) et les départs spontanés (+ 51,7 %).
Enfin les éloignements forcés sont en hausse de 9,7 %, portés surtout par ceux des ressortissants des pays tiers vers les pays tiers (+ 13,6 %). Ils contribuent à plus d’une nouvelle sortie du territoire sur cinq.
Ces hausses compensent largement le seul motif d’éloignement en baisse cette année celui des départs volontaires aidés (- 94,6 %). Cela peut s’expliquer par le fait qu’un demandeur à l'aide au retour doit faire l'objet a minima d'une OQTF afin de bénéficier de l'aide de l'OFII depuis l'arrêté du 9 octobre 2023 réformant l'aide au retour.
DESTINATION | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 (p) | 2024 (p)/2023 | |
Eloignements forcés (A) | |||||||
Origine des étrangers : Pays tiers | |||||||
Pays tiers | 3 329 | 3 511 | 5 056 | 5 729 | 6 507 | + 13,6 % | |
UE (Réadmissions Schengen, transferts Dublin | 3 879 | 4 638 | 4 419 | 4 061 | 4 242 | + 4,5 % | |
Origine des étrangers : Union européenne | |||||||
Union européenne | 1 903 | 1 942 | 1 935 | 1 932 | 2 107 | + 9,1 % | |
Total éloignements forcés (A) | 9 111 | 10 091 | 11 410 | 11 722 | 12 856 | + 9,7 % | |
Éloignements aidés (B) | |||||||
Total éloignements aidés (B) | 1 658 | 1 570 | 2 102 | 2 832 | 4 586 | + 61,9 % | |
Éloignements spontanés (C) | |||||||
Pays tiers | 1 259 | 1 537 | 1 674 | 2 316 | 3 934 | + 69,9 % | |
Union européenne | 356 | 205 | 214 | 178 | 225 | + 26,4 % | |
Total éloignements spontanés (C) | 1 615 | 1 742 | 1 888 | 2 494 | 4 159 | + 66,8 % | |
Total éloignements forcés (A) + (B) + (C) | 12 384 | 13 403 | 15 400 | 17 048 | 21 601 | + 26,7 % | |
Départs volontaires aidés (D) | |||||||
Départs volontaires aidés | 930 | 1 415 | 1 263 | 1 635 | 89 | - 94,6 % | |
Départs volontaires spontanés (E) | |||||||
Départs volontaires spontanés | 2 635 | 2 001 | 2 766 | 4 021 | 6 101 | + 51,7 % | |
Total éloignements forcés (A) + (B) + (C) - (D) + (E) | 15 949 | 16 819 | 19 429 | 22 704 | 27 791 | + 22,4 % |
Source : DGEF/DSED - DCPAF
Champ : France métropolitaine, tous pays, majeurs
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En tenant compte des mineurs et des étrangers se trouvant dans les DOM/COM, 6 908 aides au départ (cf. encadré 2) ont été accordées par l’OFII en 2024, soit une augmentation de 2,6 % par rapport à 2023, ralentie après la très forte hausse de 2023 (+ 35,5 %) (1.3).
2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 (p) | 2024 (p)/2023 | |
Aides au départ versées (personnes concernées) | 8 781 | 4 519 | 4 678 | 4 979 | 6 731 | 6 908 | + 2,6 % |
Source: OFII
Champ : France, tous pays, majeurs et mineurs
Nationalité | 2023 |
Algérienne | 2 562 |
Géorgienne | 1 642 |
Albanaise | 1 439 |
Marocaine | 1 104 |
Roumaine | 1 026 |
Tunisienne | 887 |
Afghane | 794 |
Guinéenne | 444 |
Turque | 441 |
Ivoirienne | 290 |
Total général | 17 048 |
Part des 10 nationalités | 62,3 % |
Nationalité | 2024 (p) | 2024 (p)/2023 | Part de retours forcés |
Part de retours aidés |
Algérienne | 2 999 | + 17,1 % | + 72,9 % | 12,9 % |
Géorgienne | 1 844 | + 12,3 % | + 34,1 % | 45,5 % |
Marocaine | 1 658 | + 50,2 % | + 70,9 % | 7,1 % |
Albanaise | 1 423 | - 1,10 % | + 48,6 % | 17,6 % |
Tunisienne | 1 295 | + 46,0 % | + 68,0 % | 14,4 % |
Roumaine | 1 169 | + 13,9 % | + 89,2 % | 0,0 % |
Turque | 1 020 | + 131,3 % | + 22,0 % | 39,5 % |
Afghane | 615 | - 22,5 % | + 95,8 % | 1,8 % |
Brésilienne | 449 | + 82,5 % | + 51,7 % | 31,4 % |
Ivoirienne | 386 | + 33,1% | + 69,7 % | 17,9 % |
Total général | 21 601 | + 26,7 % | + 59,5 % | + 21,2% |
Part des 10 nationalités | 59,5 % | 2,8 pts |
Source : MI-DGEF
Champ : France métropolitaine, tous pays, majeurs
Lecture : Parmi les 2 999 éloignements concernant les ressortissants algériens, 72,9 % sont des retours forcés
En 2024, le plus grand nombre d’exécutions de mesures d’éloignement concerne, pour la deuxième année consécutive les ressortissants algériens, avec un total de 2 999, au plus haut depuis 2014 (1.4 et 1.6). Trois étrangers sur dix sont d’origine maghrébine Les Albanais constituaient la principale nationalité éloignée entre 2017 et 2022.
L’évolution la plus notable concerne les Turcs, pour lesquels le nombre d’éloignements a doublé cette année (+ 131,3 %). Les Brésiliens figurent désormais dans la liste des principales nationalités éloignées (+ 82,5 %). Les Marocains voient le nombre de leurs ressortissants éloignés progresser très significativement (+ 50,2 %). La seule nationalité à faire notablement l’objet de moins d’éloignements cette année est la nationalité afghane (- 22,5 %).
La part de retours forcés est plus importante que la moyenne pour les éloignements des Algériens, des Roumains et des Afghans. Les Turcs, Géorgiens et Brésiliens bénéficient plus que les autres nationalités d’aides au retour.
Source : MI-DGEF/DSED – DCPAF
Champ : France métropolitaine, tous pays, majeurs
Source: : MI-DGEF/DSED – DCPAF
Champ : France métropolitaine, tous pays, majeurs
Le nombre d’Algériens éloignés progresse constamment depuis 2021 et place cette nationalité en première position. A l’inverse, le nombre d’éloignés roumains est en baisse constante sur les dix dernières années : s’ils étaient les principaux éloignés en 2014, en 2024 ils se trouvent en 6ème position. Depuis 2019, on constate une forte hausse du nombre de Géorgiens éloignés.
Le nombre d’interpellations d’étrangers en situation irrégulière est en accélération en 2024 : 147 154 interpellations ont eu lieu, soit une augmentation de 18,9 % par rapport à l’année précédente, contre une évolution de + 3,7 % entre 2022 et 2023 (2.1).
Source : MI-DGEF/DSED-DCPAF, PAFISA
Champ : France métropolitaine, tous pays, majeurs
Nationalité | 2023 |
Algérienne | 31 858 |
Tunisienne | 11 795 |
Marocaine | 10 705 |
Afghane | 5 136 |
Guinéenne | 3 756 |
Géorgienne | 3 159 |
Soudanaise | 3 112 |
Irakienne | 3 062 |
Ivoirienne | 3 028 |
Roumaine | 2 990 |
Total général | 123 800 |
Part des 10 nationalités | 63,5 % |
Nationalité | 2024 (p) | 2024 (p)/2023 |
Algérienne | 33 754 | + 6,0 % |
Tunisienne | 13 414 | + 13,7 % |
Marocaine | 12 954 | + 21,0 % |
Soudanaise | 6 476 | + 108,1 % |
Afghane | 5 211 | + 1,5 % |
Guinéenne | 4 081 | + 8,7 % |
Erythréenne | 3 831 | + 73,4 % |
Turque | 3 762 | + 27,7 % |
Irakienne | 3 425 | + 11,9 % |
Malienne | 3 125 | + 74,1 % |
Total général | 147 154 | + 18,9 % |
Part des 10 nationalités | 61,2 % | 2,3 pts |
Source : MI-DGEF/DSED-DCPAF, PAFISA
Champ : France métropolitaine, tous pays, majeurs
Les principales nationalités des interpellations concernent les trois pays du Maghreb (2.2). Les Soudanais se situent en quatrième place, avec un nombre d’interpellations deux fois plus important qu’en 2023 (+ 108,1 %). Les Erythréens ainsi que les Maliens ont fait l’objet d’un nombre d’interpellations en nette hausse (+ 73,4 % et + 74,1 %) et figurent désormais parmi les principales nationalités interpellées.
Le décompte des éloignements d’étrangers en situation irrégulière fait l’objet d’une ventilation selon trois types reflétant des modalités différentes de prise en charge de l’immigration irrégulière :
1. Les éloignements forcés (A), caractérisés par la prise d’une décision d’éloignement et sa mise en œuvre par la contrainte, qui regroupent les catégories suivantes :
2. Les éloignements aidés (B), caractérisés par la mise en œuvre d’une mesure d’éloignement sans contrainte, grâce à une aide au retour.
3. Les éloignements spontanés (C), sans contrainte et sans aide, après une mesure d’éloignement, dont la comptabilisation est nécessairement partielle.
Par ailleurs, des étrangers en situation irrégulière peuvent décider de quitter le territoire sans avoir fait l’objet d’une mesure d’éloignement, tout en ayant recours à une aide. Ce sont alors des départs volontaires aidés (D).
Enfin, lorsqu’un étranger en situation irrégulière se présente à la frontière, alors qu’il n’a pas été l’objet d’une décision d’éloignement préalable, sa sortie du territoire est prise en compte en tant que « départ spontané » (E). Les départs de ce type ne sont pas tous connus.
Les aides au départ versées par l’OFII visent à faciliter les départs de France des ressortissants étrangers en situation irrégulière qui souhaitent rentrer dans leur pays. Elles sont prises en charge par l’OFII et peuvent comprendre de manière cumulative une aide administrative, matérielle ou financière.