Discours d’eric BESSON lors de la remise des premières bourses récompensant des efforts exceptionnels d’intégration, le mercredi 21 avril 2010

21 avril 2010

Remise des premières bourses récompensantdes efforts exceptionnels d’intégration

Mercredi 21 avril 2010

Discours du Ministre

Seul le prononcé fait foi

Madame la Directrice générale de la Fondation « Un avenir ensemble », [Pascale COGET]
 Mesdames et Messieurs les représentants des recteurs,
 Mesdames et Messieurs les représentants des Grandes Écoles,
 Mesdames et Messieurs les Proviseurs,
 Mesdames et Messieurs les représentants du monde associatif,
 Mesdames, Messieurs,
 Chers étudiants,

Je suis très heureux de vous accueillir au Ministère de l’immigration et de l’intégration pour la remise de ces premières bourses récompensant des efforts exceptionnels d’intégration.

Ce dispositif a été créé par un arrêté interministériel signé le 19 octobre 2009.

Son objectif est de récompenser les mérites d’élèves qui font face à des difficultés exceptionnelles d’intégration linguistique et culturelle, et qui obtiennent malgré cela de très bons résultats scolaires.

Ce dispositif est une première. Depuis le lancement des premières bourses sous la IIIème République, le seul critère d’attribution était la faiblesse des revenus de la famille. Ce nouveau dispositif permet aussi de prendre en compte les difficultés d’adaptation culturelle et linguistique. Il s’agit toujours de la prise en compte des difficultés sociales, mais sous un angle plus large. Ces bourses s’ajoutent aux bourses étudiantes classiques, et sont accordées à des élèves qui ont été inscrits dans les classes d’adaptation et les classes d’insertion, c’est-à-dire dans des classes réservées aux enfants de familles immigrées qui subissent les plus grandes difficultés d’intégration culturelle et linguistique.

J’ai parfaitement conscience des questions de principe que soulève cette initiative, qui accorde à certains élèves une aide supplémentaire, sur la base de critères qui ont un lien avec leur origine.

Mais la République n’est pas un modèle figé. Elle est une construction permanente et toujours inachevée. La République repose sur un projet de société, qui doit toujours être en progrès. En donnant plus à ceux qui ont moins, en accordant une aide supplémentaire à ceux qui partent de plus loin, nous rétablissons la véritable égalité républicaine. Nous passons de l’égalité formelle à l’égalité réelle.

Quels sont les critères attestant du mérite des étudiants éligibles à ces bourses ?

  •  Premier critère : Ce sont des jeunes issus de familles immigrées, qui ont connu à leur arrivée en France des difficultés particulières d’adaptation linguistique et culturelle. Ils ne connaissaient pas notre langue à leur arrivée en France ou bien ne la maîtrisaient pas suffisamment pour suivre une scolarité classique. Nous demandons à ce titre une attestation de scolarisation dans des dispositifs spécifiques (classes d’intégration pour le primaire, classe d’adaptation pour le secondaire) ou bien l’obtention du DELF (diplôme d’étude en langue française) ;
  •  Deuxième critère : malgré ces difficultés d’adaptation, ces jeunes ont travaillé et obtenu de très bons résultats scolaires, avec une mention Bien ou Très bien à la dernière session du baccalauréat (en 2009), quelle que soit la filière ;
  •  Troisième critère : ils font le choix d’une inscription dans des filières d’excellence, qui assurent une insertion professionnelle de qualité immédiatement (IUT, BTS) ou bien au terme de leur parcours (classes préparatoires aux grandes écoles).
  •  Quatrième critère : Leurs familles disposent de revenus modestes. Ces jeunes doivent être boursiers, sur critères sociaux.

En remplissant ces 4 critères, et en obtenant cette bourse, ces jeunes bénéficieront d’une aide de 2.400 Euros par an pendant 3 ans, soit 7.200 Euros au total, s’ajoutant au montant de la bourse traditionnelle accordée sur critères sociaux.

Cette aide est significative par son montant, mais elle l’est surtout par son objectif. Oui, ce sont bien les valeurs républicaines que nous célébrons aujourd’hui à travers vous : la reconnaissance du mérite de ceux que nous accueillons et qui accomplissent des efforts exceptionnels d’intégration, le progrès par l’éducation, la volonté d’émancipation individuelle.

Ces bourses sont intégralement financées par le ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire. Je tiens aussi à saluer l’excellence de la coopération avec le ministère de l’Education nationale, sous l’autorité de Luc Châtel. Car l’Ecole est le premier lieu d’intégration par sa mission même de transmission des savoirs hérités et d’apprentissage des valeurs de la République. Elle est le symbole même du projet commun qui nous anime tous.

Lors de la présentation de ce nouveau dispositif en novembre dernier, j’avais fait le vœu que cette allocation vienne récompenser la Marie CURIE ou le Georges CHARPAK de demain. Permettez-moi de dire aujourd’hui qu’un certain nombre de ces jeunes lauréats mettent suivent déjà ce chemin, en intégrant nos plus prestigieuses classes préparatoires.

Les jeunes que nous récompensons aujourd’hui constituent la première promotion de ce nouveau système de bourses. Ils ont été sélectionnés en trois mois seulement, au terme d’une campagne rapide et efficace menée conjointement avec les Préfectures, le Centre national des Œuvres Scolaires et Universitaires (CNOUS) et ses implantations régionales (CROUS).

Le monde associatif a sa part à jouer dans l’essor, la publicité de cette action. Je salue à ce titre la présence des représentants d’associations des étudiants sénégalais et marocains des Grandes Écoles ainsi que l’Association Nouvelle Génération Africaine pour la France (NOGAF) qui, je le souhaite, seront nos relais.

Nous savons qu’un tel dispositif doit être installé dans la durée pour monter en régime. J’ai fixé l’objectif de 200 nouvelles bourses délivrées avant la fin de l’année 2010. Il s’agit d’un effort conséquent pour mon ministère : en année pleine, 600 étudiants en bénéficieront. Le budget de cette mesure s’élèvera alors à 1,2M€ par an environ.

Une circulaire sera adressée avant même la fin de l’année scolaire 2009-2010 pour préparer la prochaine campagne de bourses. Nous comptons aussi sur les effets d’apprentissage au sein des établissements scolaires.

Chers étudiants,

La bourse qui vous est remise aujourd’hui récompense vos efforts d’intégration à notre République. Mais elle est aussi un encouragement à poursuivre votre parcours d’excellence, et à devenir des citoyens exemplaires, profondément conscient de leurs droits comme de leurs devoirs vis-à-vis de la République.