Eric BESSON a signé la Charte de la diversité dans les médias, le mercredi 07 juillet 2010

7 juillet 2010

Paris, le 07 juillet 2010

Discours d’Éric BESSON,

Ministre de l’Immigration, de l’Intégration,de l’Identité nationale et du Développement solidaire

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, Cher Michel BOYON,
Monsieur le Président d’IMS-Entreprendre pour la Cité, cher Claude Bébéar,
Mesdames et Messieurs les présidents directeurs généraux de médias audiovisuels,
Mesdames et Messieurs,

C’est un grand plaisir d’être parmi vous aujourd’hui. Je tiens à remercier Michel BOYON pour son accueil au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Je voudrais aussi saluer les seize entreprises de médias qui vont signer ce matin la Charte de la Diversité : ANPHI Vivre FM, ARTE France, BDM TV, Beur FM, Direct 8, ENDEMOL France, Europe 1 et Europe News, FG Concept, GIP EPRA, le Groupe RTL, IDF1-Ensemble TV, IDFM Radio Enghien, Jeunesse TV, M6, NRJ Groupe et Radio Plurielle. Ces entreprises se joignent aux 8 groupes de médias audiovisuels qui ont déjà signé la Charte depuis 2004, notamment TF1, France Télévisions et Radio France, qui vont renouveler leur engagement aujourd’hui.

Les médias ont un rôle important à jouer dans la promotion de la diversité et la lutte contre les discriminations. Ils occupent une place essentielle dans notre vie quotidienne. La télévision, en particulier, capte chaque jour l’attention des Français, pendant plus de 3 heures et 20 minutes en moyenne. Elle diffuse une certaine vision de notre société. Or elle ne reflète pas suffisamment la diversité des français qui la regardent. Elle est un miroir imparfait de notre société.

La fiction assigne trop souvent les individus issus de l’immigration à des personnages stéréotypés, marginaux ou secondaires. Selon le baromètre établi par le CSA en septembre 2009, 5% des héros positifs sont divers, contre 19% dans les séries américaines.

L’information fait elle aussi peu de place aux invités, chroniqueurs ou experts perçus comme divers. Seuls les sujets internationaux permettent de diversifier les origines.
De même, les programmes de divertissement assignent les minorités à des domaines prétendument réservés, tels que le sport ou la musique.

Vous êtes nombreux ici à avoir déjà pris des initiatives pour faire progresser la diversité.

Michel BOYON l’a rappelé, la lutte contre les discriminations est une action de fond que le CSA défend depuis longtemps et qui a pris un tournant nouveau avec la création, en 2008, d’un observatoire de la diversité dans les médias audiovisuels. Présidé par Rachid ARHAB, cet observatoire a mis en place des actions concrètes :

la création d’un baromètre bi-annuel de la diversité,

l’organisation de réunions de travail par secteur – écoles de journalisme, équipes de programmation et de production,… – afin de mettre en cohérence les actions proposées,

des avenants aux conventions signées entre le CSA et les diffuseurs afin de fixer des objectifs précis et publics de progression de la diversité. Des sanctions sont prévues en cas de non respect de ces engagements : la lecture d’un communiqué à l’antenne faisant référence aux manquements de la chaîne ainsi que des sanctions financières d’un montant maximum de 3% du chiffre d’affaires de la chaîne.

Les groupes de médias ont également pris des mesures pour diversifier leurs équipes et leurs programmes. Je citerai :

La création en 2009 d’un Comité permanent de la diversité, présidé par Hervé Bourges, au sein de France Télévisions,

Le soutien à des projets d’insertion professionnelle des minorités dans les métiers de l’audiovisuel au sein du groupe TF1,

La création de partenariats entre les chaînes et les écoles de journalisme pour promouvoir la formation en alternance.

Ces initiatives sont essentielles mais il faut aller plus loin.

La Charte de la diversité que nous allons signer dans un instant constitue un engagement important.

Elle engage les médias à introduire la diversité au cœur de leur gestion des ressources humaines ; à former leurs équipes à la lutte contre les discriminations ; à évaluer l’efficacité des actions engagées par un suivi rigoureux ; à inscrire dans leur bilan annuel les actions qu’elles ont entreprises en faveur de la mixité et de l’égalité réelle des chances.

Il y a urgence à développer les outils concrets et les actions pratiques pour lutter contre les discriminations :

Je souhaite que la presse écrite suive le mouvement engagé par les médias audiovisuels avant la fin de l’année, en lien avec le Secrétariat Général de la Charte.

Je présenterai aussi à l’automne un amendement législatif rendant obligatoire la présentation par l’ensemble des grandes entreprises d’un rapport annuel sur les actions entreprises pour promouvoir la diversité et lutter contre les discriminations.

Je souhaite aussi accélérer la diffusion du Label diversité, que j’ai mis en place en 2008. Ce Label, mis en place avec l’AFNOR, certifie les progrès réalisés et valorise les efforts de l’entreprise en faveur de l’équité dans le recrutement, l’accès à la formation et la progression de carrière. Un peu plus d’un an après son lancement, 90 entreprises et organismes publics et privés ont obtenu le label diversité. J’ai fixé l’objectif de 200 entreprises labellisées avant la fin de l’année. Je voudrais saluer l’initiative du groupe TF1, qui vient d’annoncer sa décision de s’engager dans ce processus de labellisation. TF1 sera ainsi la première entreprise de média à s’engager dans cette démarche.

***

Mesdames et Messieurs, en matière de discrimination, il y a ceux qui pensent que tout va bien et il y a ceux qui considèrent que les difficultés viennent « des autres ». Quand ce ne sont pas les entreprises, ce sont les écoles. Quand ce ne sont pas les professionnels, ce sont les téléspectateurs, qui ne seraient jamais prêts à faire place à la diversité. Pour avancer, chacun doit prendre conscience de la situation et de sa propre responsabilité. Chacun doit réinterroger ses propres pratiques professionnelles pour comprendre qu’il est aussi coproducteur de ces difficultés, et agir à son niveau. Je voudrais dire à tous que la diversité croissante de notre société doit se refléter dans le miroir des médias. Nous, acteurs de la vie publique, Français et Françaises de bonne volonté, soucieux de la promesse démocratique, nous avons le devoir de montrer que la diversité n’est pas un risque mais une chance pour notre pays.

Je vous remercie de votre attention.