Démantèlement d’une importante filière d’immigration clandestine

12 mai 2009

Ce mardi 12 mai , l’OCRIEST a démantelé une filière d’immigration clandestine composée de dix organisateurs essentiellement iraniens et irakiens. Munis de faux documents, les clandestins transitaient pour la plupart par le square Villemin du 10ème arrondissement de Paris puis étaient acheminés sur le Nord de la France (Calais, Dunkerque). Les autres clandestins munis de cette fausse documentation embarquaient par voie terrestre ou aérienne vers la Grande-Bretagne ou les pays nordiques. Les « trafiquants de migrants » en lien avec plusieurs complices en France et à l’étranger ont ainsi facilité le passage de très nombreux ressortissants iraniens, afghans, kurdes et irakiens. Dix organisateurs ont été mis en garde à vue ce matin.


Intervention de M. Eric BESSONMinistre de l’immigration, de l’intégration,
de l’identité nationale et du développement solidaireDémantèlement d’une filière d’immigration clandestine
Transitant par le square Villemin et CalaisMardi 12 mai 2009Seul le prononcé fait foi

Mesdames, messieurs,

Je voudrais tout d’abord remercier Jean-Michel Fauvergue, Chef de l’Office Central de Répression de l’Immigration irrégulière et de l’Emploi d’Etrangers Sans Titre (OCRIEST), d’avoir accepté de venir ici présenter cette opération de démantèlement d’une filière d’immigration clandestine transitant par Paris et Calais, réalisée ce matin même.

Je voudrais aussi remercier et féliciter toutes les équipes de l’OCRIEST, qui ont réalisé cette opération exemplaire. L’opération a commencé ce matin, avec l0 interpellations d’organisateurs réalisées dans les 15ième , 16ième et 17ième arrondissements de Paris, ainsi que dans les Yvelines et en Seine-Saint-Denis.
Les gardes à vue sont toujours en cours. Les équipes de l’OCRIEST sont actuellement en plein travail. Une autre interpellation d’organisateurs est en cours en ce moment même.

Les filières d’immigration clandestine sont l’un des grands fléaux du monde moderne. Selon l’ONU, au niveau mondial, le trafic d’être humains est la troisième activité criminelle par le chiffre d’affaires après le trafic de drogues et le trafic d’armes. Ces filières attirent et arrachent des hommes, des femmes, des enfants, de leurs pays d’origine, elles leur promettent un eldorado, leur font payer très cher le voyage, pour finalement, le plus souvent, leur faire encourir des risques insensés, les réduire à des conditions de vie indignes, à l’esclavage, au travail forcé, à la servitude domestique, quand ce n’est pas à la prostitution ou au trafic d’organes.

La lutte contre les filières clandestines constitue l’une des priorités de la mission qui m’a été confiée par le Président de la République et le Premier ministre. L’objectif qui m’est assigné est de doubler, de 100 à 200, le nombre de filières clandestines démantelées en France.

La filière démantelée ce matin me semble emblématique, par quatre aspects :

 Premièrement, par son trajet : au départ de l’Iran et de l’Irak, transitant par la Grèce, par Paris (Gare de l’Est, Gare du Nord, Square Villemin), et par Calais, à destination de l’Angleterre, des pays du Nord de l’Europe, ainsi que vers le Canada ;

 Deuxièmement, par les prix pratiqués, qui semblent conformes à ce qu’il convient d’appeler les « prix du marché » : 1.500 euros pour un trajet de Calais vers l’Angleterre en camion, 3.000 euros pour un trajet de la Grèce vers la France, 10.000 euros pour un trajet de la Grèce vers l’Irlande, le tout avec hébergement compris.

 Troisièmement, par son organisation très décentralisée, reposant sur la mise en relation de multiples réseaux organisés avec des compétences territoriales bien définies : dans cette affaire, les passeurs se servent des relations qu’ils ont dans d’autres pays pour faire transiter les migrants. Cette filière est la conjonction de multiples filières de proximité. Certains se limitent à héberger. D’autres se limitent à aller chercher les billets de train. D’autres enfin se limitent à effectuer des transferts de fonds. D’où l’utilité de notre article L.622-1 pour lutter contre ces filières.

 Quatrièmement, par les conditions de vie intolérables faites aux migrants, avec un « stockage » dans le square Villemin du 10ième arrondissement de Paris en particulier. Le fait que des armes de poing aient été retrouvées chez ces passeurs montre que ces filières reposent aussi, le plus souvent, sur la violence.