Discours d’Eric BESSON lors de sa visite de l’association AFAVO à Argenteuil, le jeudi 27 mai 2010

27 mai 2010

Pour une politique d’intégration des femmes immigrées

Visite de l’association AFAVO 

Argenteuil - jeudi 27 mai 2010

Mesdames, Messieurs,

  1. Le rôle des femmes dans l’intégration des familles immigrées est prépondérant. Elles sont, le plus souvent, le pilier des familles et de l’éducation des enfants.

L’immigration féminine est encore récente. Jusque dans les années 1970, l’immigration en France était principalement masculine. L’immigration féminine s’est développée depuis 1974, avec l’ouverture au regroupement familial, pour atteindre aujourd’hui un niveau d’équilibre, à 50% des primo-arrivants.

  1. Les femmes immigrées se situent au centre d’une double discrimination :
    1. parce qu’elles sont femmes,
    2. parce qu’elles sont immigrées.

L’égalité homme-femme ne fait pas partie des valeurs fondamentales et de l’héritage social et culturel de certains pays sources d’immigration.

Un grand nombre des femmes arrivées en France pour rejoindre leur conjoint ne connaissaient pas la langue française, et n’ont pu le pratiquer suffisamment puisqu’elles n’occupent pas un emploi. 86% des femmes immigrées arrivent en France à titre familial, 10% à titre de réfugié, et 3% seulement titre professionnel ! Les femmes représentent 50% des primo-arrivants, mais près de 70% des prescriptions de formation linguistique par l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII).

Les femmes immigrées accèdent plus difficilement à l’emploi et à la langue. Le taux de chômage des femmes immigrées est le double de celui des femmes françaises. Les femmes immigrées sont deux fois plus concernées par les contrats à durée déterminée et l’intérim que les femmes françaises.

Les femmes immigrées sont particulièrement exposées aux abus de faiblesse, à l’exploitation, aux violences, aux mariages forcés, aux mutilations sexuelles.

L’intégration des femmes immigrées constitue aussi l’un des éléments clefs d’une meilleure intégration des jeunes issus de l’immigration.

  1. C’est pourquoi je souhaite mettre en place une politique d’intégration spécifique en faveur des femmes immigrées, reposant sur six piliers :

Une orientation des femmes immigrées primo-arrivantes vers un réseau d’accompagnement spécifique sera mise en place dans les prochains mois, reposant sur un certain nombre d’associations, sur le modèle de l’AFAVO. Ces associations proposeront des actions complémentaires de celles du Contrat d’Accueil et d’Intégration :

  1.  
    • apprentissage de la langue française,
    • accompagnement vers l’emploi,
    • protection des femmes victimes de violence,
    • accompagnement social et juridique.

La subvention accordée à l’AFAVO au cours de l’année 2009 fut de 100.000 Euros.
Je m’engage à ce que cette aide soit maintenue en 2010, dans le cadre de ce réseau d’accompagnement des femmes immigrées.

L’ouverture des formations linguistiques du CAI à des femmes arrivées en France avant la généralisation du CAI. 20.000 femmes immigrées arrivées en France avant 2007, et qui n’ont pas signé de CAI, seront ainsi accueillies chaque année, et bénéficieront des mêmes prestations que les actuels signataires du CAI.

La mise en place d’ateliers socio-linguistiques (ASL), qui sont des actions de proximité favorisant la connaissance des services et dispositifs publics, ainsi que des règles et modes de fonctionnement de la société française, tout en offrant une sensibilisation à la langue orale. La sensibilisation à la langue française au sein des ateliers se déroulera sur une durée de l’ordre 6 heures par semaine.

 La généralisation dès 2011 de l’opération « Ouvrir l’école aux parents », avec 3 objectifs : l’acquisition de la maîtrise de la langue française par un enseignement de langue seconde – la connaissance des principes de la République et de ses valeurs – une meilleure connaissance de l’institution scolaire, des droits et devoirs des élèves et de leurs parents. Ce dispositif mis en place en 2008 a concerné pour l’année scolaire 2009-2010 plus de 3.000 parents et essentiellement des femmes : 87 % du total.

 Le soutien aux associations nationales d’aides aux femmes immigrées et de lutte contre les violences particulières qui les touchent : Voix de Femmes, Agir avec Elles, Femmes Contre les Intégrismes, Femmes Solidaires, Groupe d’Action Contre les Mutilations Sexuelles (GAMS).

Le Ministère va en particulier apporter son soutien à un collectif d’associations portant un projet d’hébergement pour accueillir les femmes en risque ou en situation de mariages forcés.

Le soutien aux associations œuvrant à ces actions d’intégration passera de 3 millions d’euros en 2009 à 5 millions d’euros en 2010. Les associations seront sélectionnées avant la fin du mois de juillet, sur la base de l’appel à projet « Intégration 2010 » disponible sur le site Internet de mon Ministère.

L’intégration des femmes immigrées fera aussi partie des priorités des programmes régionaux d’intégration des populations immigrées (PRIPI), dont j’ai lancé la préparation il y a deux mois, et auquel un budget de 15 millions d’euros a été réservé. Je souhaite que ces PRIPI soient finalisés avant la fin du mois de septembre 2010.

Afin de mieux protéger les femmes immigrées victimes de violences, une proposition de loi sur les violences faites aux femmes a par ailleurs été adoptée par l’assemblée nationale le 25 février dernier, et sera discutée par le Sénat le 22 juin prochain.
Cette proposition de loi prévoira la prorogation des titres de séjour des femmes placées sous ordonnance de protection.